Soul Is Heavy : un magnifique mariage éclectique

Publié le par Maxime Fidèle

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Je m'excuse d'avance pour la subjectivité dont risque d'être empreinte ma chronique car pour ma première chronique musicale j'ai choisi de commencer par le dernier album de mon artiste préférée, Soul Is Heavy de Nneka.

Le 24 décembre 1984, au Nigéria, Nneka Egbuna naît d'un père Nigérian et d'une mère Allemande. Durant toute son enfance, elle baigne dans le mysthicisme de la musique de son pays natal et la spiritualité des chants religieux chatoliques de son école. A 19 ans, elle part s'installer à Hambourg en Allemagne où elle entame des études d'anthropologie et d'archéologie. Elle y découvre aussi la musique d'artistes revendicateurs tels que Bob Marley, Lauryn Hill (Fugees), Nas, Talib Kweli ou encore Mos Def. En 2005, elle signe chez Yo Mama Records puis sort son premier album, Victim Of Truth, salué par la presse et porté par le titre phare The Uncomfortable Truth. S'ensuivra ensuite un deuxième album en 2008, No Longer At Ease, porté lui par le hit Heartbeat, puis enfin en 2011 son dernier effort Soul Is Heavy.

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La première caractéristique (et grande qualité) de Nneka est le caractère pluriel de sa musique. L'art de Nneka est à l'image d'elle-même, un métissage entre la culture africaine et la culture occidentale dans lequel elle réussit à marier parfaitement bien ses nombreuses influences musicales. Sa musique en est inclassable car elle transcende les genres, une synthèse originale de reggae, d'afrobeat, de Hip Hop et de soul.

Puis sa musique (dont elle compose la grande majorité) accompagne des textes de grande qualité, entre militantisme contre la corruption qui touche de nombreux pays d'Afrique et introspection spirituelle où elle s'adresse souvent à Dieu. Ses chansons sont toujours imprégnées d'un message humaniste dans lequel elle porte un regard mélancolique mais empli d'espoir sur la condition humaine.

Et puis cette voix... Que dire franchement si ce n'est qu'elle est sublime et qu'elle vous emporte loin, très loin. Elle oscille sur une corde entre force et fragilité, qu'elle soit voilée par un doux murmure ou qu'elle explose dans de grandes envolées lyriques ou un flow rapide, elle retranscrit à merveille la violence, la mélancolie et l'amour émanant de ses textes. Nneka est une femme qui chante avec les tripes et le coeur. Et je peux vous dire qu'elle ne déroge pas à la règle dans son dernier opus.

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Soul Is Heavy s'ouvre doucement sur le morceau dub/reggae Lucifer (No Doubt), à la mélodie entraînante et au refrain laconique, qui pose d'emblée les bases de son album. Ce premier bon morceau est suivi du plus énergique Sleep, en featuring avec la chanteuse britannique Ms Dynamite, dont les vibes ne sont pas sans rappeler une certaine Selah Sue. Mais pour moi, l'album démarre à pleine puissance à partir du troisième morceau, et sans conteste un des meilleurs de l'opus, My Home. Une petite boucle de piano très familière (dont je n'arrive pas à me rappeler l'origine, mes excuses) qui débouche sur un cocktail explosif entre soul et reggae, servis par la richesse des cuivres et d'un refrain chanté avec la rage au coeur. Sans parler du clip qui dépeint sans artifice la réalité de son pays natal.

A partir de là, on ne décolle plus de son casque et on se laisse emporter par les titres qui s'enchaînent, tous aussi excellents les uns que les autres. Entre l'onirique Shining Star (je la trouve magnifique dans le clip éponyme), le plus coloré J, le mélancolique Stay, le militant Soul Is Heavy, l'intimiste Do You Love Me Now, etc... la voix sucrée et les compositions de Nneka nous transportent dans son univers extrêmement varié, à travers sa tristesse et, à la fois son amour, envers Dieu et l'Afrique. Ce n'est pas un simple album de musique (inclassable) mais un véritable voyage débordant d'émotion et d'humanisme, dans le coeur d'une artiste remplie de talent et pourtant méconnue.

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Bon, je vais essayer d'être objectif deux minutes pour ma conclusion et je dirai que c'est un très bon album dont l'originalité et la variété des genres vous promettent que, sur les 15 morceaux qui composent Soul Is Heavy, vous en aimerez au moins un ! Le seul défaut que je peux reprocher au disque de Nneka est du côté des featurings. Que ce soit Black Thought, le MC du groupe The Roots, sur God Knows Why ou Ms Dynamite sur Sleep, je n'ai pas vraiment été convaincu par leur prestation et du coup j'ai l'impression qu'ils n'apportent pas grand chose à l'ensemble de l'album.

Mais là encore c'est surtout une question de goût et puis cela affecte à peine l'immense estime que j'ai pour cet excellent projet car avec du recul, j'ai le plaisir de constater l'évolution toujours positive de Nneka à travers ses albums, surtout au niveau de ses compositions. J'espère qu'elle sortira bientôt un  nouvel album toujours plus original et plus efficace et, sept mois après ma première écoute de Soul Is Heavy un matin dans le RER C en allant à l'IUT, ce chef d'oeuvre reste pour moi le meilleur disque, tous genres confondus, qui m'ai été donné d'entendre en 2011. N'hésitez pas à y jeter un coup d'oreille, vous ne perdrez pas votre temps.

 


 18,5/20

 

Publié dans Musique

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