L'Enfant d'en Haut

Publié le par Maxime Fidèle

l_enfant_d_en_haut-0.jpg

 

 

En Suisse, Simon, 12 ans, emprunte l’hiver venu la petite télécabine qui relie la plaine industrielle où il vit seul avec sa sœur Louise, à l’opulente station de ski qui la surplombe.

Là-haut, il vole les skis et l’équipement des riches touristes qu’il revend ensuite aux enfants de son immeuble pour en tirer de petits mais réguliers bénéfices.

Louise, qui vient de perdre son travail, profite des trafics de Simon qui prennent de l’ampleur et devient de plus en plus dépendante de lui...

 

 

 

Ursula Meier, déjà auteure du drame familial Home, nous livre ici un film à l'histoire assez originale pour attirer mon oeil. En effet, un enfant de douze ans (Kacey Mottet Klein) gagnant sa vie grâce à un trafic illicite d'équipement de sport d'hiver... Fallait y penser ! Au-delà des affaires frauduleuses (et dangereuses l'air de rien) de Simon, le film se concentre aussi sur sa relation avec sa grande soeur Louise (Léa Seydoux) qui semble être sa seule famille. Cette dernière travaille en tant que technicienne de surface et le jour d'après, ne travaille plus et se laisse de plus en plus aller en taxant son petit frère qui lui, prend beaucoup de risques pour faire fructifier son trafic (comme être obligé de s'associer avec un employé anglais d'un restaurant de la station).

 

3788.jpeg

 

Au vu des critiques de la presse et du public, je m'attendais à une fable sur le destin atypique de ce gamin voleur. Et la première partie du film m'a plus que comblé dans mes attentes. Une fable noire, sans concession, sans pathos. La réalisatrice suit un fil vertical étiré par un terrible contraste entre la fastueuse station de ski où l'enfant se meut avec adresse au milieu des touristes inconscients qu'ils dépouille, et le terrain vague au centre duquel siège une tour sinistre et isolée qui lui sert de maison. Les différents plans larges sont souvent intenses de par leur sobriété et nous transportent facilement dans la vie de cet enfant en proie à un mal secret.

Ce mal est lié à la relation paradoxale entre Simon et Louise : ils s'aiment mais ils ne se voient que lorsqu'elle a besoin d'argent, ils partagent la même misère au quotidien mais sont livrés à eux-mêmes chacun de leur côté. Louise semble s'être désintéressée de sa vie dont elle a perdu le contrôle (et le goût ?) et Simon souffre en secret de l'absence d'une mère (d'après lui, leurs parents sont morts dans un accident de voiture) et tente de combler ce manque en se rapprochant sincèrement d'une mère anglaise rencontrée au restaurant de la station. L'histoire de ces deux êtres écorchés est dépeinte d'une façon douce et amère par Ursula, ce qui nous permet de ressentir le fardeau de leur vie sans qu'il nous étouffe.

 

l-enfant-d-en-haut-2012-23647-812225499

 

Pourtant, à partir du milieu du film où Simon révèle à haute voix la véritable nature du secret qui le lie à Louise, je ne sais pas ce qui s'est passé mais j'ai eu l'impression que c'est Ursula qui avait perdu le contrôle de son film qui devint d'un coup terriblement brouillon. Pourtant, cette révélation relance totalement l'intrigue, expliquant enfin la cruauté dans cette distance nuancée mise entre les deux personnages. Mais les scènes s'étirent, tendant parfois vers l'inutile, et on perd petit à petit la magie qui enchante l'histoire de Simon au fur et à mesure que celui-ci se perd lui-même.

Ursula tente mais n'arrive pas à jouer avec l'émotion suscitée par ce rebondissement de taille et à mesure qu'elle essayait d'approfondir la relation entre Simon et Louise, j'ai senti l'histoire s'essouffler jusqu'à devenir presque transparente et plate (malgré le fil vertical). Je n'ai pas compris certains choix qu'a pris la réalisatrice et dont pâtit le rythme du film. C'est simple, je me suis ennuyé durant toute la deuxième partie et jai légèrement sursauté devant la séquance finale sur la fin de l'hiver qui est sublime. Malheureusement, j'avais déjà lâché le fil de la télécabine...

 

simonetlouise

 

En bref, L'Enfant d'en Haut est une déception pour ma part. J'ai été embarqué dans la sombre et triste histoire de Simon dans la première partie du film qui est vraiment réalisée avec brio mais, étrangement, la réalisatrice a loupé le virage au milieu du film et est partie dans une direction totalement en rupture avec la première partie, brouillone et longuée, et qui ne mène nulle part si ce n'est à nous laisser à notre faim ou nous plonger dans l'ennui. Et c'est vraiment dommage au vu de l'intensité que suggérait la révélation de leur secret.

Le film se rattrape quand même avec l'interprétation des deux acteurs que la réalisatrice a très bien su diriger (contrairement à son film). Kacey Mottet Klein que je viens de découvrir dans ce film est brillantissime, il arrive sans peine à faire transparaître le fardeau de sa détresse pesant sur ces frêles épaules et rend son personnage très attachant. Léa Seydoux nous rappelle qu'au delà de sa plastique de rêve, elle est une jeune actrice montante au potentiel énorme et sur laquelle le cinéma français devra comter.

Et je donne une mention spéciale à la scène qui suit le fameux rebondissement, où Simon achète littéralement l'affection de sa soeur. Quelle dommage que la suite du film n'ait pas été aussi bien exploitée...

 

 

10/20

 


Publié dans Cinéma

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Oui, à perdre en durée, il aurait sûrement gagné en qualité.
Répondre
W
Dommage un long métrage poussif qui sonne creux au lieu d'un court métrage réussi et efficace.
Répondre